Le ministère du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’État est chargé à la fois, de la préparation et de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière budgétaire et fiscale et de la modernisation de la fonction budgétaire et comptable de l’État.
Créé en 2007, le ministère du Budget est l’héritier de l’ancien ministère des finances qui existait depuis 1789. En 130 ans, le nom n’avait été changé qu’une fois entre 1801 et 1815 où il devient ministère du Trésor et en 1925 où il est baptisé brièvement ministère du Budget. Au lendemain de la guerre pourtant, le ministère des finances fusionne avec celui de l’économie pour devenir le 26 janvier 1946, le ministère de l’Économie nationale et des Finances. L’année suivante, il est débaptisé à nouveau pour devenir le ministère des Finances et des Affaires économiques…. Pour redevenir de façon durable ministère de l’Économie et des Finances au début des années 50. Le projet du grand Louvre décidé par François Mitterrand, expulse le ministère du palais où il avait ses bureaux dans l’aile Richelieu, depuis 1871. En échange, le président fait construire un nouveau bâtiment sur les quais dans le quartier de Bercy pour accueillir le ministère en 1989.
D’ailleurs, Nicolas Sarkozy était ministre du Budget sous le gouvernement Balladur entre 1993 et 1995 et il se trouve que les compétences et l’indépendance du ministère du Budget actuel sont très proches de celles du ministère du Budget du gouvernement Balladur.
Le ministère du Budget, des Comptes publics, de la Fonction publique et de la Réforme de l’État a été créé le 18 mai 2007 à partir de directions de l’ancien ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie (MINEFI). Un autre remaniement intervient à nouveau en mars 2010 lors de la composition du gouvernement Fillon II où la Fonction Publique est retiré du ministère pour… y revenir dans le gouvernement Fillon III le 14 novembre 2010. Mais la Fonction Publique décidemment voyageuse, est à nouveau confiée à un ministère autonome le 29 janvier 2011.
Les attributions du ministère du Budget sont définies par le décret du 25 octobre 2010 qui prévoit : « Le ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l’État prépare et met en œuvre la politique du Gouvernement en matière budgétaire et fiscale, et de modernisation de l’État ».
Il reprend une partie des attributions du précédent ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie et se voit confier la mission de la réforme de l’État.
La mission du ministère est de préparer et mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière budgétaire et fiscale ainsi que dans le domaine de la modernisation de l’État. Au-delà de cette mission très large, il est aussi responsable de l’ensemble des comptes publics et de la stratégie pluriannuelle des finances publiques. A ce titre, il prépare les règles relatives aux finances locales et il est responsable de l’équilibre général des comptes sociaux. En effet, en liaison avec le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé et le ministère de la Solidarité et de la Cohésion sociale, il participe à l’élaboration et à l’exécution des lois de financement de la Sécurité sociale. Il exerce enfin des attributions relatives à la réforme des services publics, à la modernisation de la gestion publique, à la mise en œuvre des stratégies ministérielles de réforme et à la simplification des formalités administratives.
Le ministère du Budget est compétent pour :
Dans le cadre de la réforme de l’Etat, le ministre du Budget prépare et met en œuvre les mesures tendant à répondre aux besoins des usagers des services publics, à améliorer l’efficacité de ces derniers, à déconcentrer les responsabilités et à moderniser la gestion publique. Dans ce prolongement, il conduit la démarche d’audit et de performance au sein des administrations et dans ce sens, il anime et coordonne le travail du Gouvernement en matière d’évaluation des politiques publiques.
Pour l’exercice de ses larges fonctions et mission, le ministre du Budget a autorité exclusive ou partagée sur de nombreuses directions et services mais il exerce également une autorité partagée avec d’autres ministères sur d’autres directions. Il a enfin la capacité de solliciter des services spécialisés selon le domaine des compétences qu’il exerce.
Le ministère a autorité sur :
Pour l’exercice de ses attributions financières, il a une autorité conjointe avec le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie sur :
Pour la préparation de la loi de finances, le ministre du Budget dispose des compétences de la direction de la Législation fiscale et de la direction générale de l’Offre de soins. Pour l’exercice de ses attributions relatives aux finances locales, il dispose de la direction générale des Collectivités locales rattachée au ministère de l’Intérieur. Il peut aussi faire appel à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales.
Pour l’exercice de ses fonctions relatives aux finances sociales, le ministre a autorité conjointe avec le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé et le ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale sur la direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (rattachée au ministère chargé de la Santé) et sur la direction de la Sécurité sociale.
Pour ses missions, le ministre peut aussi solliciter :
Budget 2010 exécuté du ministère du Budget en millions d’euros : 349 293
Détails :
Mission Gestion des finances publiques et des ressources humaines : 11 566
Mission Remboursement et dégrèvements : 89 885
Mission interministérielle Régimes sociaux et de retraite : 1 151
Total : 102 602
Mission Gestion des finances publiques et des ressources humaines : 11 691
Mission Remboursement et dégrèvements : 89 885
Mission interministérielle Régimes sociaux et de retraite : 1 151
Total : 102 727
Mission Gestion des finances publiques et des ressources humaines : 143 964
Total : 143 964
L’ancien ministre du budget, Eric Woerth englué dans l’affaire Bettencourt
Le 30 juin 2010, le ministre du Budget François Baroin, annonce avoir saisi l’Inspection générale des finances, dans le but d’établir le rôle « éventuel » joué par Éric Woerth dans le dossier fiscal de Liliane Bettencourt et d’organiser « les contrôles à l’intérieur des dispositifs de l’administration fiscale pour mettre tout sur la place publique ». Le 8 février 2012, l’ex-ministre Eric Woerth a été mis en examen pour trafic d’influence passif par les juges d’instruction bordelais en charge des dossiers Bettencourt, au terme d’une journée d’audition qui a pris fin à 21h50. Eric Woerth, à l’époque trésorier de l’UMP, est en effet suspecté d’avoir perçu de la milliardaire des sommes excédant largement le plafond légal. Il a été évincé en novembre 2010 du gouvernement en raison de ses relations avec Patrice de Maistre, l’ex-gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt. Sa femme, Florence Woerth, avait elle-même été embauchée par Patrice de Maistre au sein de la société Clymène - qui gère la fortune de l’héritière de L’Oréal - à l’automne 2007, créant ainsi les conditions d’un éventuel trafic d’influence. Par ailleurs, Eric Woerth a été mis en cause par l’ancienne comptable des Bettencourt, Claire Thibout. Cette dernière a réitéré à plusieurs reprises ses déclarations, extrêmement précises, indiquant qu’elle avait remis une somme de 50 000 euros à Patrice de Maistre, destinée in fine à l’ancien ministre, et les enquêteurs de la brigade financière ont pu étayer en partie ses déclarations.
La réforme de la fiscalité du patrimoine en 2011 effectuée alors que François Baroin était ministre du Budget, a fait beaucoup de vagues et de polémiques. Cette réforme soulevait l’avenir de l’ISF. Mais après des mois de débats, Nicolas Sarkozy a tranché : L’ISF ne disparaîtra pas, mais ses effets les plus pervers seront gommés. Pour complaire cependant, à une partie de son électorat, le président de la République a décidé de l’abolition du très décrié bouclier fiscal.
La réforme du patrimoine réforme les points suivants :
La réforme abroge le bouclier mais les contribuables ont le droit pour la dernière fois en 2012, à un bouclier sur leur trop-payé d’impôt de 2011. Afin de faire taire les polémiques liées aux chèques de plusieurs dizaines de millions d’euros adressés par le fisc à une poignée de fortunés, les derniers bénéficiaires du bouclier fiscal devront déduire eux-mêmes de leur facture d’ISF le montant du bouclier.
Bercy maintient un dispositif de protection pour les personnes aux faibles revenus mais qui, étant propriétaires de leur logement, payent des taxes foncières. Ils continueront à se faire rembourser par l’État si leur taxe foncière sur le bâti dépasse 50% de leurs revenus.
La première tranche de l’actuel ISF, qui concerne les ménages ayant entre 0,8 et 1,3 million de patrimoine, est supprimée. Le barème de l’ISF est allégé dès 2012: le taux d’imposition est de 0,25% entre 1,3 et 3 millions de patrimoine et de 0,5% au-delà de 3 millions de patrimoine. Mais cette imposition s’appliquera au premier euro de patrimoine: l’ISF. Pour éviter les effets de seuil, Bercy a introduit deux systèmes de lissage, entre 1,3 et 1,4 million de patrimoine et entre 3 et 3,2 millions de patrimoine. Ainsi, aucun contribuable ne sera perdant.
Pour préserver les PME, le dispositif ISF-PME, qui permet de réduire l’ISF à hauteur de 50% de l’investissement dans une PME, est maintenu en l’état.
Les droits pour les successions en ligne directe sont relevés pour les deux dernières tranches, respectivement de 35% à 40% et de 40% à 45%. Les mesures d’âge sur les donations disparaissent : réduction des prélèvements de 50% si le donateur a moins de 70 ans, et de 30% s’il a entre 70 et 80 ans. Le délai pour bénéficier deux fois de suite de l’abattement de 159.325 euros sur les donations passe de six à dix ans.
Cette taxe d’exil est applicable depuis le 3 mars 2011. Elle concerne les Français qui quittent la France pour revendre des actions depuis l’étranger. Si la revente a lieu moins de huit ans après le déménagement, ces ménages, bien que ne vivant plus dans l’Hexagone, doivent payer au fisc français une taxe de 31,3% sur les plus-values.
Les étrangers qui ont une résidence secondaire en France devront payer une taxe supplémentaire, en plus des taxes foncières. Cette taxe sera de 20% de la valeur locative de leur bien. Les Français qui ont quitté la France pour des raisons fiscales devront eux aussi payer cette taxe mais pas ceux qui se sont expatriés pour des raisons professionnelles.
Nommé ministre délégué aux affaires européennes en mai 2012, Bernard Cazeneuve a été l’un des quatre porte-parole de François Hollande pendant la campagne présidentielle. Fin mars 2013, il quitte ses fonctions pour remplacer Jérôme Cahuzac, démissionnaire, au poste de Ministre du Budget.
Un militant en culottes courtes
Bernard Cazeneuve nait le 2 juin 1963 à Senlis dans une famille de gauche. Son père est le responsable du Parti socialiste dans l’Oise. Il raconte à l’envie que son engagement politique date d’un meeting de François Mitterrand auquel il assista avec son père quand il était encore un très jeune homme. Une vocation pour la politique qui ne se démentira pas par la suite quand, lors de ses études à Institut d’études politiques de Bordeaux, il dirige la fédération du mouvement des jeunes radicaux de gauche de la Gironde. Mais ce n’est qu’après son passage à l’IEP de Bordeaux qu’il s’inscrit au Parti socialiste.
Au sortir de l’école, il choisit dans un premier temps d’embrasser une carrière de juriste à la Banque populaire, avant d’intégrer les cabinets ministériels à partir de 1991, année où il devient conseiller technique au cabinet de Thierry de Beaucé, secrétaire d’État chargé des Relations culturelles internationales. Il sera nommé l’année d’après, chef de cabinet d’Alain Vivien, le secrétaire d’État chargé alors des Affaires étrangères, puis chef de cabinet de Charles Josselin, le secrétaire d’État à la Mer en 1993. Date à laquelle, il devient aussi secrétaire général du Conseil supérieur de la navigation de plaisance et des sports nautiques.
Parachutage dans la Manche…
Pour cet homme d’appareil, la rencontre avec le terrain se fait en 1994, année où il est parachuté sur le canton d’Octeville pour mettre fin aux divisions socialistes locales qui avaient fait perdre la mairie du chef-lieu en 1989. Il est élu conseiller général et sur cette lancée électorale, il reprend la mairie d’Octeville à la droite. L’année suivante, et remporte la 5ème circonscription de la Manche aux législatives de 1997. Impliqué malgré son parachutage, la campagne qu’il mène pour le « Grand Cherbourg », visant à fusionner six communes de l’agglomération cherbourgeoise est couronnée de succès puisque le référendum local sur cette question aboutit à la réunion de Cherbourg et Octeville. Nouvelle commune dont il devient le maire en 2001.
A coté de cet engagement politique, il poursuit en parallèle une carrière juridique comme juge titulaire à la Haute Cour de justice et à la Cour de justice de la République pour la durée de son premier mandat de parlementaire. Lorsque ce mandat prend fin, il s’inscrit comme avocat au barreau de Cherbourg-Octeville en 2003. D’ailleurs en 2006, il rejoindra l’équipe « Public, règlementaire et concurrence » au sein du cabinet parisien de droit des affaires August & Debouzy, en qualité d’avocat non-associé. Dans son livre « La République du copinage » publié aux éditions Fayard, Vincent Nouzille mentionne que ce cabinet « se charge de dossiers de lobbying » en faveur du Parti socialiste.
… Puis implantation
Coté politique, il hésite lorsqu’en 2004, le parti socialiste lui demande de prendre la tête de la liste manchoise pour l’élection régionale en Basse-Normandie. En fin de compte, c’est François Hollande qui le convainc. Cette candidature va cependant sceller la rupture de la gauche socialiste avec les verts en raison des prises de position de Bernard Cazeneuve en faveur du nucléaire. Dans un département où sont implantées des infrastructures nucléaires aussi importantes que la centrale de Flamanville, ou encore l’usine de retraitement de la Hague et l’arsenal de Cherbourg, le clash avec le parti écologiste était inévitable. Ces derniers s’unissent alors aux Radicaux de gauche pour le premier tour. Mais Bernard Cazeneuve est élu et devient premier vice-président du Conseil régional, et préside le Comité régional de tourisme normand, commun aux deux régions administratives de Normandie.
Il transforme son parachutage en véritable implantation régionale lorsqu’en 2007, il remporte les élections législatives avec un score de 58,96 %. Il démissionne alors de son mandat régional pour se présenter à l’élection municipale de Cherbourg Octeville qu’il remporte dès le premier tour en mars 2008 puis prend la présidence de la Communauté urbaine de Cherbourg. A sa tête, Bernard Cazeneuve travaille à accentuer le caractère maritime de Cherbourg-Octeville, à travers l’organisation de festivités nautiques comme les courses internationales de voile, et la rénovation des quartiers des Bassins et des Provinces.
Le rapporteur de Karachi
Secrétaire de la commission de la défense nationale à l’Assemblée, il est rapporteur en 2010 de la mission parlementaire sur l’attentat de Karachi. Il va mener un combat acharné pour que la vérité se fasse jour sur l’attentat qui, le 8 mai 2002, au Pakistan, a coûté la vie à quinze personnes, dont onze salariés de la Direction des constructions navales (DCN), entreprise phare de la commune de Cazeneuve. Les 23 techniciens se trouvaient alors dans un autocar qui devait les emmener à la base navale où des sous-marins étaient assemblés, lorsqu’un fanatique a lancé sa Toyota bourrée d’explosifs contre le bus. L’explosion fait 14 morts et 12 blessés.
Bernard Cazeneuve recueille alors les témoignages, auditionne tous les acteurs ayant pu avoir à connaître de cette affaire. Il se heurte à de multiples obstacles et silences. Son rapport, rendu en 2010, privilégie la piste islamiste sans écarter les autres hypothèses. Auditionné par la mission le 24 novembre 2009, le ministre de la défense de l’époque François Léotard, considère dans une interview au journal Le Monde le 3 décembre 2010, que la piste Al-Qaida est « peu probable » et penche plutôt pour « une vengeance de personnes n’ayant pas touché leur part de commissions ». Bernard Cazeneuve a raconté ce combat dans un livre, Karachi, L’Enquête impossible publié chez Calmann-Lévy. Une « affaire d’Etat » loin encore loin d’avoir révélé tous ses secrets.
Porte parole de la présidentielle Hollande
Nul doute que sur ce dossier comme sur ceux qui touchent de près ou de loin les questions de défense, le député-maire de Cherbourg inspirera la plume et les orientations du candidat Hollande. Cette implication a sans doute valu à ce proche de Laurent Fabius, sa désignation par François Hollande comme l’un de ses quatre porte-parole de campagne pour l’élection présidentielle de 2012. Choix qui avait étonné car nonobstant sa moindre notoriété par rapport aux autres porte-paroles, sa proximité avec Fabius dont l’inimitié historique avec François Hollande est connue, en faisait un handicap. Mais c’était sans compter que de longue date, Bernard Cazeneuve entretenait d’excellentes relations avec le député de la Corrèze.
Jusqu’alors méconnu du grand public, le député-maire de Cherbourg devient alors l’un des rouages essentiels de l’équipe de campagne de François Hollande, dont il est l’un des porte-parole. Il prend en charge les questions industrielles et le dossier nucléaire. Il prêche pour la non remise en cause du chantier EPR à Flamanville et du retraitement des déchets nucléaires à l’usine de la Hague. Il est de tous les déplacements du candidat socialiste, dès lors que la thématique est peu ou prou industrielle. C’est pourquoi, il est évoqué assez tôt comme ministrable et a pu être « vu » à la Défense ou à la « Justice » avant d’être nommé aux affaires européennes.
Jérôme Cahuzac a dû démissionner avec fracas de son poste de ministre du budget le 19 mars 2013. Une information judiciaire a été ouverte au sujet d'un éventuel compte bancaire en Suisse, comme l'a rapporté quelques mois auparavant le site internet Mediapart.
Cahuzac est né le 19 juin 1952 à Talence en Gironde, d’un père ingénieur des Ponts et Chaussées et d’une mère professeur d’anglais. Il fait des études en médecine à Paris et se spécialise en chirurgie capillaire ; il travaille pendant longtemps avec son épouse Patricia, également chirurgien, dans une clinique privée du 8ème arrondissement de la capitale. Il est le frère d’Antoine Cahuzac, ancien président du directoire d’HSBC Private Bank France et récemment nommé directeur général d’EDF Energies Nouvelles (filiale d’EDF dédiée aux énergies renouvelables).
Il est spécialiste des questions budgétaires du Parti Socialiste dont il fait partie depuis 1978. À l’époque, il adhère aux idées de Rocard plutôt que celles de Miterrand. Son modèle politique est Pierre Mendès-France.
Chef de Clinique à la facuté de médecine, il rejoint Claude Évin, ministre des Affaires sociales des gouvernements de Michel Rocard, en tant que conseiller technique de 1988 à 1991: il est chargé d’écrire la loi Évin qui régule la publicité en faveur de l’alcool et du tabac. Il fait ensuite partie de l’équipe de Lionel Jospin, candidat à l’élection présidentielle, où il est en charge des questions de santé.
En 1996, il s’installe à Villeneuve-sur-Lot dans le Lot et Garonne, une municipalité traditionnellement de droite. L’année d’après il est élu député de la 3ème circonscription du Lot et Garonne et part à l’Assemblée. Là-bas, on reconnaît son talent d’orateur et sens aigü de la stratégie politique. En 1998, il obtient un siège au Conseil général du département pour le Canton sud de Villeneuve-sur-Lot.
En 2001, il remporte les élections municipales de Villeneuve-sur-Lot contre Michel Gonelle (RPR), et devient aussi président de la communauté de communes du Villeneuvois. Là, il fait partie des tous premiers élus locaux à militer ardemment pour l’utilisation, la production et la distribution de biocarburants à base d’huile végétale pure (HVP).
L’année suivante, il est battu aux législatives par Alain Merly (RPR), mais en 2007, il regagne son siège à l’Assemblée en l’emportant contre le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, et se fait remarquer dans l’hémicycle lors d’un discours assuré qu’il donne sans notes, contre la politique fiscale proposée par Nicolas Sarkozy. En juin de l’année suivante, il est nommé Vice-président du groupe Socialiste, radical et citoyen à l’Assemblée nationale, ainsi que porte parole sur les questions financières.
En février 2010, il est désigné par le groupe PS, radical, citoyen et divers gauche pour succéder à son collègue Didier Migeaud à la tête de la Commission des finances, de l’éconmie générale et du contrôle budgétaire. Il se penche alors tout particulièrement sur la décision judiciaire dans l’affaire qui oppose le groupe de Bernard Tapie au Crédit Lyonnais. Selon lui, l’ancien homme d’affaire a bénéficié d’un ajout de mention « préjudice moral » dans la rédaction de la version finale du compromis du tribunal arbitral. Cette mention a été ajoutée à l’insu du parti de la défense, et au bénéfice du plaignant Tapie, lui permettant de ne pas déclarer le montant de ses indemnisations (45 millions d’euros) au FISC.
Après le retrait de Sominique Strauss-Kahn de la course présidentielle suite à son arrestation à New York, Jérôme Cahuzac est nommé responsable du pole “Budget, finances et fiscalité” au sein de l’équipe de campagne de François Hollande.
Tandis que certains critiquent pour son arrogance et son parisianisme, d’autres admirent ses forces de travail et de caractère. Sportif, skieur et boxeur amateur depuis une trentaine d’année, ce père de trois enfants gifle un jeune homme qui l’insultait lors d’une visite dans un quartier défavorisé de sa ville en 2011. Il explique les faits en regrettant la violence de ce geste, tout en précisant qu’il n’avait pas d’autre choix, « humainement et symboliquement ».
Jerôme Cahuzac, en tant que ministre du budget, ne dirige plus directement la Réforme de l’État et la Fonction publique qui deviennent leur propre ministère dirigé par Marylise Lebranchu. Il ne maîtrisera donc plus entièrement le domaine des Dépenses publiques, mais devrait conserver le contrôle des comptes de l’ensemble des administrations publiques (Etat, Sécu, collectivités locales).
Décris par ses amis comme un bourreau de travail, sa nouvelle tâche sera de réduire les déficits publics, sans compromettre le changement voulu par le Président François Hollande.
Le ministère du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’État est chargé à la fois, de la préparation et de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière budgétaire et fiscale et de la modernisation de la fonction budgétaire et comptable de l’État.
Créé en 2007, le ministère du Budget est l’héritier de l’ancien ministère des finances qui existait depuis 1789. En 130 ans, le nom n’avait été changé qu’une fois entre 1801 et 1815 où il devient ministère du Trésor et en 1925 où il est baptisé brièvement ministère du Budget. Au lendemain de la guerre pourtant, le ministère des finances fusionne avec celui de l’économie pour devenir le 26 janvier 1946, le ministère de l’Économie nationale et des Finances. L’année suivante, il est débaptisé à nouveau pour devenir le ministère des Finances et des Affaires économiques…. Pour redevenir de façon durable ministère de l’Économie et des Finances au début des années 50. Le projet du grand Louvre décidé par François Mitterrand, expulse le ministère du palais où il avait ses bureaux dans l’aile Richelieu, depuis 1871. En échange, le président fait construire un nouveau bâtiment sur les quais dans le quartier de Bercy pour accueillir le ministère en 1989.
D’ailleurs, Nicolas Sarkozy était ministre du Budget sous le gouvernement Balladur entre 1993 et 1995 et il se trouve que les compétences et l’indépendance du ministère du Budget actuel sont très proches de celles du ministère du Budget du gouvernement Balladur.
Le ministère du Budget, des Comptes publics, de la Fonction publique et de la Réforme de l’État a été créé le 18 mai 2007 à partir de directions de l’ancien ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie (MINEFI). Un autre remaniement intervient à nouveau en mars 2010 lors de la composition du gouvernement Fillon II où la Fonction Publique est retiré du ministère pour… y revenir dans le gouvernement Fillon III le 14 novembre 2010. Mais la Fonction Publique décidemment voyageuse, est à nouveau confiée à un ministère autonome le 29 janvier 2011.
Les attributions du ministère du Budget sont définies par le décret du 25 octobre 2010 qui prévoit : « Le ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l’État prépare et met en œuvre la politique du Gouvernement en matière budgétaire et fiscale, et de modernisation de l’État ».
Il reprend une partie des attributions du précédent ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie et se voit confier la mission de la réforme de l’État.
La mission du ministère est de préparer et mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière budgétaire et fiscale ainsi que dans le domaine de la modernisation de l’État. Au-delà de cette mission très large, il est aussi responsable de l’ensemble des comptes publics et de la stratégie pluriannuelle des finances publiques. A ce titre, il prépare les règles relatives aux finances locales et il est responsable de l’équilibre général des comptes sociaux. En effet, en liaison avec le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé et le ministère de la Solidarité et de la Cohésion sociale, il participe à l’élaboration et à l’exécution des lois de financement de la Sécurité sociale. Il exerce enfin des attributions relatives à la réforme des services publics, à la modernisation de la gestion publique, à la mise en œuvre des stratégies ministérielles de réforme et à la simplification des formalités administratives.
Le ministère du Budget est compétent pour :
Dans le cadre de la réforme de l’Etat, le ministre du Budget prépare et met en œuvre les mesures tendant à répondre aux besoins des usagers des services publics, à améliorer l’efficacité de ces derniers, à déconcentrer les responsabilités et à moderniser la gestion publique. Dans ce prolongement, il conduit la démarche d’audit et de performance au sein des administrations et dans ce sens, il anime et coordonne le travail du Gouvernement en matière d’évaluation des politiques publiques.
Pour l’exercice de ses larges fonctions et mission, le ministre du Budget a autorité exclusive ou partagée sur de nombreuses directions et services mais il exerce également une autorité partagée avec d’autres ministères sur d’autres directions. Il a enfin la capacité de solliciter des services spécialisés selon le domaine des compétences qu’il exerce.
Le ministère a autorité sur :
Pour l’exercice de ses attributions financières, il a une autorité conjointe avec le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie sur :
Pour la préparation de la loi de finances, le ministre du Budget dispose des compétences de la direction de la Législation fiscale et de la direction générale de l’Offre de soins. Pour l’exercice de ses attributions relatives aux finances locales, il dispose de la direction générale des Collectivités locales rattachée au ministère de l’Intérieur. Il peut aussi faire appel à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales.
Pour l’exercice de ses fonctions relatives aux finances sociales, le ministre a autorité conjointe avec le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé et le ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale sur la direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (rattachée au ministère chargé de la Santé) et sur la direction de la Sécurité sociale.
Pour ses missions, le ministre peut aussi solliciter :
Budget 2010 exécuté du ministère du Budget en millions d’euros : 349 293
Détails :
Mission Gestion des finances publiques et des ressources humaines : 11 566
Mission Remboursement et dégrèvements : 89 885
Mission interministérielle Régimes sociaux et de retraite : 1 151
Total : 102 602
Mission Gestion des finances publiques et des ressources humaines : 11 691
Mission Remboursement et dégrèvements : 89 885
Mission interministérielle Régimes sociaux et de retraite : 1 151
Total : 102 727
Mission Gestion des finances publiques et des ressources humaines : 143 964
Total : 143 964
L’ancien ministre du budget, Eric Woerth englué dans l’affaire Bettencourt
Le 30 juin 2010, le ministre du Budget François Baroin, annonce avoir saisi l’Inspection générale des finances, dans le but d’établir le rôle « éventuel » joué par Éric Woerth dans le dossier fiscal de Liliane Bettencourt et d’organiser « les contrôles à l’intérieur des dispositifs de l’administration fiscale pour mettre tout sur la place publique ». Le 8 février 2012, l’ex-ministre Eric Woerth a été mis en examen pour trafic d’influence passif par les juges d’instruction bordelais en charge des dossiers Bettencourt, au terme d’une journée d’audition qui a pris fin à 21h50. Eric Woerth, à l’époque trésorier de l’UMP, est en effet suspecté d’avoir perçu de la milliardaire des sommes excédant largement le plafond légal. Il a été évincé en novembre 2010 du gouvernement en raison de ses relations avec Patrice de Maistre, l’ex-gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt. Sa femme, Florence Woerth, avait elle-même été embauchée par Patrice de Maistre au sein de la société Clymène - qui gère la fortune de l’héritière de L’Oréal - à l’automne 2007, créant ainsi les conditions d’un éventuel trafic d’influence. Par ailleurs, Eric Woerth a été mis en cause par l’ancienne comptable des Bettencourt, Claire Thibout. Cette dernière a réitéré à plusieurs reprises ses déclarations, extrêmement précises, indiquant qu’elle avait remis une somme de 50 000 euros à Patrice de Maistre, destinée in fine à l’ancien ministre, et les enquêteurs de la brigade financière ont pu étayer en partie ses déclarations.
La réforme de la fiscalité du patrimoine en 2011 effectuée alors que François Baroin était ministre du Budget, a fait beaucoup de vagues et de polémiques. Cette réforme soulevait l’avenir de l’ISF. Mais après des mois de débats, Nicolas Sarkozy a tranché : L’ISF ne disparaîtra pas, mais ses effets les plus pervers seront gommés. Pour complaire cependant, à une partie de son électorat, le président de la République a décidé de l’abolition du très décrié bouclier fiscal.
La réforme du patrimoine réforme les points suivants :
La réforme abroge le bouclier mais les contribuables ont le droit pour la dernière fois en 2012, à un bouclier sur leur trop-payé d’impôt de 2011. Afin de faire taire les polémiques liées aux chèques de plusieurs dizaines de millions d’euros adressés par le fisc à une poignée de fortunés, les derniers bénéficiaires du bouclier fiscal devront déduire eux-mêmes de leur facture d’ISF le montant du bouclier.
Bercy maintient un dispositif de protection pour les personnes aux faibles revenus mais qui, étant propriétaires de leur logement, payent des taxes foncières. Ils continueront à se faire rembourser par l’État si leur taxe foncière sur le bâti dépasse 50% de leurs revenus.
La première tranche de l’actuel ISF, qui concerne les ménages ayant entre 0,8 et 1,3 million de patrimoine, est supprimée. Le barème de l’ISF est allégé dès 2012: le taux d’imposition est de 0,25% entre 1,3 et 3 millions de patrimoine et de 0,5% au-delà de 3 millions de patrimoine. Mais cette imposition s’appliquera au premier euro de patrimoine: l’ISF. Pour éviter les effets de seuil, Bercy a introduit deux systèmes de lissage, entre 1,3 et 1,4 million de patrimoine et entre 3 et 3,2 millions de patrimoine. Ainsi, aucun contribuable ne sera perdant.
Pour préserver les PME, le dispositif ISF-PME, qui permet de réduire l’ISF à hauteur de 50% de l’investissement dans une PME, est maintenu en l’état.
Les droits pour les successions en ligne directe sont relevés pour les deux dernières tranches, respectivement de 35% à 40% et de 40% à 45%. Les mesures d’âge sur les donations disparaissent : réduction des prélèvements de 50% si le donateur a moins de 70 ans, et de 30% s’il a entre 70 et 80 ans. Le délai pour bénéficier deux fois de suite de l’abattement de 159.325 euros sur les donations passe de six à dix ans.
Cette taxe d’exil est applicable depuis le 3 mars 2011. Elle concerne les Français qui quittent la France pour revendre des actions depuis l’étranger. Si la revente a lieu moins de huit ans après le déménagement, ces ménages, bien que ne vivant plus dans l’Hexagone, doivent payer au fisc français une taxe de 31,3% sur les plus-values.
Les étrangers qui ont une résidence secondaire en France devront payer une taxe supplémentaire, en plus des taxes foncières. Cette taxe sera de 20% de la valeur locative de leur bien. Les Français qui ont quitté la France pour des raisons fiscales devront eux aussi payer cette taxe mais pas ceux qui se sont expatriés pour des raisons professionnelles.
Nommé ministre délégué aux affaires européennes en mai 2012, Bernard Cazeneuve a été l’un des quatre porte-parole de François Hollande pendant la campagne présidentielle. Fin mars 2013, il quitte ses fonctions pour remplacer Jérôme Cahuzac, démissionnaire, au poste de Ministre du Budget.
Un militant en culottes courtes
Bernard Cazeneuve nait le 2 juin 1963 à Senlis dans une famille de gauche. Son père est le responsable du Parti socialiste dans l’Oise. Il raconte à l’envie que son engagement politique date d’un meeting de François Mitterrand auquel il assista avec son père quand il était encore un très jeune homme. Une vocation pour la politique qui ne se démentira pas par la suite quand, lors de ses études à Institut d’études politiques de Bordeaux, il dirige la fédération du mouvement des jeunes radicaux de gauche de la Gironde. Mais ce n’est qu’après son passage à l’IEP de Bordeaux qu’il s’inscrit au Parti socialiste.
Au sortir de l’école, il choisit dans un premier temps d’embrasser une carrière de juriste à la Banque populaire, avant d’intégrer les cabinets ministériels à partir de 1991, année où il devient conseiller technique au cabinet de Thierry de Beaucé, secrétaire d’État chargé des Relations culturelles internationales. Il sera nommé l’année d’après, chef de cabinet d’Alain Vivien, le secrétaire d’État chargé alors des Affaires étrangères, puis chef de cabinet de Charles Josselin, le secrétaire d’État à la Mer en 1993. Date à laquelle, il devient aussi secrétaire général du Conseil supérieur de la navigation de plaisance et des sports nautiques.
Parachutage dans la Manche…
Pour cet homme d’appareil, la rencontre avec le terrain se fait en 1994, année où il est parachuté sur le canton d’Octeville pour mettre fin aux divisions socialistes locales qui avaient fait perdre la mairie du chef-lieu en 1989. Il est élu conseiller général et sur cette lancée électorale, il reprend la mairie d’Octeville à la droite. L’année suivante, et remporte la 5ème circonscription de la Manche aux législatives de 1997. Impliqué malgré son parachutage, la campagne qu’il mène pour le « Grand Cherbourg », visant à fusionner six communes de l’agglomération cherbourgeoise est couronnée de succès puisque le référendum local sur cette question aboutit à la réunion de Cherbourg et Octeville. Nouvelle commune dont il devient le maire en 2001.
A coté de cet engagement politique, il poursuit en parallèle une carrière juridique comme juge titulaire à la Haute Cour de justice et à la Cour de justice de la République pour la durée de son premier mandat de parlementaire. Lorsque ce mandat prend fin, il s’inscrit comme avocat au barreau de Cherbourg-Octeville en 2003. D’ailleurs en 2006, il rejoindra l’équipe « Public, règlementaire et concurrence » au sein du cabinet parisien de droit des affaires August & Debouzy, en qualité d’avocat non-associé. Dans son livre « La République du copinage » publié aux éditions Fayard, Vincent Nouzille mentionne que ce cabinet « se charge de dossiers de lobbying » en faveur du Parti socialiste.
… Puis implantation
Coté politique, il hésite lorsqu’en 2004, le parti socialiste lui demande de prendre la tête de la liste manchoise pour l’élection régionale en Basse-Normandie. En fin de compte, c’est François Hollande qui le convainc. Cette candidature va cependant sceller la rupture de la gauche socialiste avec les verts en raison des prises de position de Bernard Cazeneuve en faveur du nucléaire. Dans un département où sont implantées des infrastructures nucléaires aussi importantes que la centrale de Flamanville, ou encore l’usine de retraitement de la Hague et l’arsenal de Cherbourg, le clash avec le parti écologiste était inévitable. Ces derniers s’unissent alors aux Radicaux de gauche pour le premier tour. Mais Bernard Cazeneuve est élu et devient premier vice-président du Conseil régional, et préside le Comité régional de tourisme normand, commun aux deux régions administratives de Normandie.
Il transforme son parachutage en véritable implantation régionale lorsqu’en 2007, il remporte les élections législatives avec un score de 58,96 %. Il démissionne alors de son mandat régional pour se présenter à l’élection municipale de Cherbourg Octeville qu’il remporte dès le premier tour en mars 2008 puis prend la présidence de la Communauté urbaine de Cherbourg. A sa tête, Bernard Cazeneuve travaille à accentuer le caractère maritime de Cherbourg-Octeville, à travers l’organisation de festivités nautiques comme les courses internationales de voile, et la rénovation des quartiers des Bassins et des Provinces.
Le rapporteur de Karachi
Secrétaire de la commission de la défense nationale à l’Assemblée, il est rapporteur en 2010 de la mission parlementaire sur l’attentat de Karachi. Il va mener un combat acharné pour que la vérité se fasse jour sur l’attentat qui, le 8 mai 2002, au Pakistan, a coûté la vie à quinze personnes, dont onze salariés de la Direction des constructions navales (DCN), entreprise phare de la commune de Cazeneuve. Les 23 techniciens se trouvaient alors dans un autocar qui devait les emmener à la base navale où des sous-marins étaient assemblés, lorsqu’un fanatique a lancé sa Toyota bourrée d’explosifs contre le bus. L’explosion fait 14 morts et 12 blessés.
Bernard Cazeneuve recueille alors les témoignages, auditionne tous les acteurs ayant pu avoir à connaître de cette affaire. Il se heurte à de multiples obstacles et silences. Son rapport, rendu en 2010, privilégie la piste islamiste sans écarter les autres hypothèses. Auditionné par la mission le 24 novembre 2009, le ministre de la défense de l’époque François Léotard, considère dans une interview au journal Le Monde le 3 décembre 2010, que la piste Al-Qaida est « peu probable » et penche plutôt pour « une vengeance de personnes n’ayant pas touché leur part de commissions ». Bernard Cazeneuve a raconté ce combat dans un livre, Karachi, L’Enquête impossible publié chez Calmann-Lévy. Une « affaire d’Etat » loin encore loin d’avoir révélé tous ses secrets.
Porte parole de la présidentielle Hollande
Nul doute que sur ce dossier comme sur ceux qui touchent de près ou de loin les questions de défense, le député-maire de Cherbourg inspirera la plume et les orientations du candidat Hollande. Cette implication a sans doute valu à ce proche de Laurent Fabius, sa désignation par François Hollande comme l’un de ses quatre porte-parole de campagne pour l’élection présidentielle de 2012. Choix qui avait étonné car nonobstant sa moindre notoriété par rapport aux autres porte-paroles, sa proximité avec Fabius dont l’inimitié historique avec François Hollande est connue, en faisait un handicap. Mais c’était sans compter que de longue date, Bernard Cazeneuve entretenait d’excellentes relations avec le député de la Corrèze.
Jusqu’alors méconnu du grand public, le député-maire de Cherbourg devient alors l’un des rouages essentiels de l’équipe de campagne de François Hollande, dont il est l’un des porte-parole. Il prend en charge les questions industrielles et le dossier nucléaire. Il prêche pour la non remise en cause du chantier EPR à Flamanville et du retraitement des déchets nucléaires à l’usine de la Hague. Il est de tous les déplacements du candidat socialiste, dès lors que la thématique est peu ou prou industrielle. C’est pourquoi, il est évoqué assez tôt comme ministrable et a pu être « vu » à la Défense ou à la « Justice » avant d’être nommé aux affaires européennes.
Jérôme Cahuzac a dû démissionner avec fracas de son poste de ministre du budget le 19 mars 2013. Une information judiciaire a été ouverte au sujet d'un éventuel compte bancaire en Suisse, comme l'a rapporté quelques mois auparavant le site internet Mediapart.
Cahuzac est né le 19 juin 1952 à Talence en Gironde, d’un père ingénieur des Ponts et Chaussées et d’une mère professeur d’anglais. Il fait des études en médecine à Paris et se spécialise en chirurgie capillaire ; il travaille pendant longtemps avec son épouse Patricia, également chirurgien, dans une clinique privée du 8ème arrondissement de la capitale. Il est le frère d’Antoine Cahuzac, ancien président du directoire d’HSBC Private Bank France et récemment nommé directeur général d’EDF Energies Nouvelles (filiale d’EDF dédiée aux énergies renouvelables).
Il est spécialiste des questions budgétaires du Parti Socialiste dont il fait partie depuis 1978. À l’époque, il adhère aux idées de Rocard plutôt que celles de Miterrand. Son modèle politique est Pierre Mendès-France.
Chef de Clinique à la facuté de médecine, il rejoint Claude Évin, ministre des Affaires sociales des gouvernements de Michel Rocard, en tant que conseiller technique de 1988 à 1991: il est chargé d’écrire la loi Évin qui régule la publicité en faveur de l’alcool et du tabac. Il fait ensuite partie de l’équipe de Lionel Jospin, candidat à l’élection présidentielle, où il est en charge des questions de santé.
En 1996, il s’installe à Villeneuve-sur-Lot dans le Lot et Garonne, une municipalité traditionnellement de droite. L’année d’après il est élu député de la 3ème circonscription du Lot et Garonne et part à l’Assemblée. Là-bas, on reconnaît son talent d’orateur et sens aigü de la stratégie politique. En 1998, il obtient un siège au Conseil général du département pour le Canton sud de Villeneuve-sur-Lot.
En 2001, il remporte les élections municipales de Villeneuve-sur-Lot contre Michel Gonelle (RPR), et devient aussi président de la communauté de communes du Villeneuvois. Là, il fait partie des tous premiers élus locaux à militer ardemment pour l’utilisation, la production et la distribution de biocarburants à base d’huile végétale pure (HVP).
L’année suivante, il est battu aux législatives par Alain Merly (RPR), mais en 2007, il regagne son siège à l’Assemblée en l’emportant contre le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, et se fait remarquer dans l’hémicycle lors d’un discours assuré qu’il donne sans notes, contre la politique fiscale proposée par Nicolas Sarkozy. En juin de l’année suivante, il est nommé Vice-président du groupe Socialiste, radical et citoyen à l’Assemblée nationale, ainsi que porte parole sur les questions financières.
En février 2010, il est désigné par le groupe PS, radical, citoyen et divers gauche pour succéder à son collègue Didier Migeaud à la tête de la Commission des finances, de l’éconmie générale et du contrôle budgétaire. Il se penche alors tout particulièrement sur la décision judiciaire dans l’affaire qui oppose le groupe de Bernard Tapie au Crédit Lyonnais. Selon lui, l’ancien homme d’affaire a bénéficié d’un ajout de mention « préjudice moral » dans la rédaction de la version finale du compromis du tribunal arbitral. Cette mention a été ajoutée à l’insu du parti de la défense, et au bénéfice du plaignant Tapie, lui permettant de ne pas déclarer le montant de ses indemnisations (45 millions d’euros) au FISC.
Après le retrait de Sominique Strauss-Kahn de la course présidentielle suite à son arrestation à New York, Jérôme Cahuzac est nommé responsable du pole “Budget, finances et fiscalité” au sein de l’équipe de campagne de François Hollande.
Tandis que certains critiquent pour son arrogance et son parisianisme, d’autres admirent ses forces de travail et de caractère. Sportif, skieur et boxeur amateur depuis une trentaine d’année, ce père de trois enfants gifle un jeune homme qui l’insultait lors d’une visite dans un quartier défavorisé de sa ville en 2011. Il explique les faits en regrettant la violence de ce geste, tout en précisant qu’il n’avait pas d’autre choix, « humainement et symboliquement ».
Jerôme Cahuzac, en tant que ministre du budget, ne dirige plus directement la Réforme de l’État et la Fonction publique qui deviennent leur propre ministère dirigé par Marylise Lebranchu. Il ne maîtrisera donc plus entièrement le domaine des Dépenses publiques, mais devrait conserver le contrôle des comptes de l’ensemble des administrations publiques (Etat, Sécu, collectivités locales).
Décris par ses amis comme un bourreau de travail, sa nouvelle tâche sera de réduire les déficits publics, sans compromettre le changement voulu par le Président François Hollande.